Majuscules et capitales Faut-il accentuer les majuscules et les capitales ?

Pour répondre précisément à la question, il ne serait pas inutile de rappeler la différence entre majuscule et capitale, car la langue courante confond ces deux notions. Il est vrai qu’elles se chevauchent très souvent en pratique.

Les mots s’écrivent le plus souvent avec des lettres dites minuscules. La majuscule, plus haute que la minuscule, est utilisée comme lettre initiale de certains mots pour les démarquer ou les distinguer (premier mot de chaque phrase, nom propre). L’expression majuscule initiale est le plus souvent un pléonasme, car la majuscule est normalement une lettre initiale. Outre la différence de hauteur, la majuscule diffère le plus souvent de la minuscule équivalente par sa forme.

En typographie, les minuscules sont habituellement représentées par une forme dite bas-de-casse et les majuscules par des lettres de forme différente appelées capitales. Pour une taille de caractère donnée, les GRANDES CAPITALES sont plus hautes que les bas-de-casse et les PETITES CAPITALES ont la hauteur des bas-de-casse. Quand on dit simplement capitale, on sous-entend habituellement « grande capitale ». À noter que, de nos jours, bien des gens ont une écriture manuscrite dont les lettres majuscules, voire minuscules, imitent plus ou moins la capitale des imprimeurs.

Bref, la distinction minuscule/majuscule relève de la langue, de la grammaire, alors que la distinction bas-de-casse/capitale relève de la typographie. Les capitales, grandes comme petites, peuvent représenter des minuscules. Comparons ces trois exemples :

accentuation_majuscules

Pour le grammairien, Érythrée est un nom propre et chacune de ses trois formes ci-dessus compte 1 majuscule et 7 minuscules, peu importe l’aspect typographique du mot. Pour le typographe, le premier exemple compte 1 (grande) capitale et 7 bas-de-casse ; le deuxième exemple compte 1 grande capitale et 7 petites capitales. Le troisième exemple compte 8 grandes capitales.

Pour revenir à la question initiale, vous aurez remarqué que dans tous ces exemples, les accents aigus requis sont présents, aussi bien sur les capitales (grandes et petites) que sur les bas-de-casse, peu importe que ces lettres représentent des majuscules ou des minuscules. L’accent fait partie de l’orthographe du mot, car il donne des informations sur sa prononciation ; l’omettre, c’est pratiquement commettre une faute d’orthographe. Sans parler des possibles ambiguïtés. Considérez cette manchette de journal à propos d’un fait divers survenu à l’asile psychiatrique :

UN INTERNE TUE

Qu’est-ce qu’il faut comprendre ? Un interné tué ? Un interne tué ? Un interné tue ? Un interne tue ?

J’ai pourtant appris à l’école qu’il ne fallait pas accentuer les majuscules.

Plusieurs personnes ont effectivement appris ou entendu dire qu’il ne fallait pas accentuer les majuscules ou les capitales. Il est vrai qu’en écriture manuscrite cursive on accentue rarement les majuscules. Il faut aussi reconnaître que l’accentuation des capitales est loin d’avoir été pratiquée systématiquement par tous les typographes de toutes les époques. Des contraintes techniques pouvaient rendre la chose difficile, mais les typographes consciencieux ont habituellement accentué les capitales. Leur accentuation était aussi chose malaisée à la machine à écrire, mais les dactylographes ingénieux trouvaient le moyen de le faire.

Aujourd’hui, les systèmes informatiques bien configurés permettent d’utiliser sans problème les capitales accentuées. Il n’y a donc plus de raison de se priver de cette pratique recommandée par les bons dictionnaires, grammaires et codes typographiques, ainsi que par l’Académie française.


 

(Source : Druite informatique inc., Guide n° 8, 20 janvier 2002)



 

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